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C’est le genre de télescopage qui rend les politiques publiques peu lisibles. Lundi 4 novembre, François Durovray, ministre délégué aux transports, a présenté avec Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, la feuille de route de la France pour faire baisser les émissions de carbone des transports d’ici à 2030. Cette « stratégie de développement des mobilités propres » demande une détermination sans faille, à la fois pour électrifier le parc automobile et transporter les marchandises en train.
Or le même jour, Antoine Armand, le ministre de l’économie et des finances, était à Bruxelles, en train d’essayer de convaincre ses collègues européens de ne pas infliger de sanctions en 2025 aux constructeurs qui n’auraient pas vendu assez de voitures électriques. C’est aussi ce jour-là que la SNCF a choisi pour confirmer la fin de Fret SNCF, l’opérateur historique de transport de marchandises par train. La société, incapable de rembourser 5 milliards d’euros d’aides d’Etat comme le lui demande la Commission européenne, va être scindée en deux : Hexafret, pour le transport de marchandises, et Technis pour la maintenance des locomotives. Au passage, elle aura cédé 30 % de son trafic et réduit de 10 % ses effectifs.
François Durovray se dit, malgré tout, déterminé à faire baisser les émissions des transports, qui représentent encore 32 % du total. Depuis qu’il existe des politiques de transition, elles n’ont pas reculé. « Les technologies permettent aux véhicules d’être plus efficaces, mais ces progrès sont compensés par une augmentation des trajets », constate le ministre. De juillet 2023 à juillet 2024, elles ont tout de même baissé de 3,4 %, mais c’est beaucoup moins que les émissions de l’industrie (− 8,7 %) ou du logement (− 5,5 %).
« Les Français effectuent chaque année mille milliards de kilomètres, dont 82 % en voiture ou deux-roues motorisé », note le ministre, dont la stratégie de développement des mobilités propres sera annexée à la programmation pluriannuelle de l’énergie et fait l’objet d’une consultation citoyenne (sur le site make.org) pendant quarante jours.
Cette « stratégie » comporte trois grands axes. Premièrement, mieux aménager les villes pour les densifier et rapprocher les quartiers d’habitation des lieux d’emploi, afin d’éviter la mobilité contrainte. Le deuxième consiste à « massifier les usages », décline François Durovray, « en mettant plus de monde dans les voitures par le covoiturage » ou en développant les « cars express », des autobus à haut niveau de service, avec voies réservées, plus faciles et moins chers à déployer que les tramways, trains ou métros. Il présentera un plan national à ce sujet au début de 2025. Il maintient aussi l’objectif de doubler le transport par rail, promesse de l’ancienne première ministre Elisabeth Borne, mais renvoie la stratégie pour y parvenir à une conférence de financement ultérieure. Côté transport de marchandises, le gouvernement soutiendra l’électrification de la flotte de camions et veut développer fret et transport fluvial, à la traîne. Sans préciser comment…
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